Denika Heaton, BBA, JD, TEP, CEA, Spécialiste en planification fiscale et successorale, Patrimoine privé
Chris Hanley, CPA, CA, CFP, Spécialiste en planification fiscale et successorale, Patrimoine privé
Quelques gestes avisés maintenant peuvent rendre l’année prochaine plus avantageuse
La fin de l’année 2025 constitue une période propice à l’adoption de stratégies fiscales susceptibles de réduire votre impôt à payer et de renforcer votre situation financière. Que vous gériez une entreprise, planifiiez en vue de la retraite ou soyez en train d’accumuler un patrimoine à long terme, une planification réfléchie de fin d’année peut vous aider à amorcer 2026 sur des bases solides.
Remarque : Ces stratégies sont de nature générale. Chaque situation financière est unique; nous recommandons de consulter un conseiller fiscal qualifié avant de mettre en œuvre l’une ou l’autre de ces approches.
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Quoi de neuf en 2025?
Avant d’aborder l’aide-mémoire de fin d’année, passons en revue les nouveautés :
- Taux d’intérêt prescrit abaissé à 3 % – Il s’agit de son niveau le plus bas depuis des années, ce qui crée des occasions de fractionnement du revenu.
- Superdéduction à la productivité proposée – Cette nouvelle mesure du budget fédéral pourrait permettre l’amortissement immédiat complet de certains biens d’entreprise admissibles.
- Augmentation du seuil de l’impôt minimum de remplacement (IMR)– L’exemption de base de l’IMR est passée à environ 178 000 $ (contre 173 000 $), offrant un peu plus de latitude à certains contribuables à revenu élevé.
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Partie 1 : Transfert du revenu à des membres de la famille assujettis au taux d’imposition le moins élevé
Cotiser à un REER de conjoint
Il s’agit toujours de l’une des stratégies de fractionnement du revenu les plus accessibles pour les couples où l’un des conjoints gagne plus que l’autre.
Fonctionnement : Vous versez la cotisation et réclamez la déduction fiscale, tandis que l’épargne-retraite s’accumule dans le REER de votre conjoint. À la retraite, les retraits sont assujettis à l’impôt en fonction du taux d’imposition inférieur de votre conjoint, ce qui peut réduire la charge fiscale globale du couple.
Points importants à considérer :
- Même si vous avez plus de 71 ans et que ne pouvez plus cotiser à votre propre REER, vous pouvez toujours cotiser à un REER de conjoint si cette personne a moins de 71 ans.
- Pour éviter l’attribution du revenu, votre conjoint ne devrait effectuer aucun retrait de son REER au cours de l’année de votre cotisation ou des deux années suivantes.
Nouvelles occasions de prêts au taux prescrit
Le taux d’intérêt prescrit pour les nouveaux prêts de fractionnement du revenu est passé de 4 % à 3 % au deuxième trimestre de 2025.
Pourquoi c’est important : Si vous envisagez de mettre en place un prêt au taux prescrit pour transférer un revenu de placement à un membre de la famille à faible revenu (conjoint ou autre membre via une fiducie familiale), le taux en vigueur au moment de la mise en place du prêt est « bloqué » pendant toute la durée du prêt.
Si vous avez déjà mis en place un prêt au taux prescrit en fonction d’un taux plus élevé, consultez votre conseiller fiscal. Dans certains cas, il peut être avantageux de rembourser le prêt et de l’établir de nouveau selon le taux inférieur.
Remarque : L’impôt minimum de remplacement peut s’appliquer lors de l’utilisation d’une fiducie, ce qui pourrait réduire les avantages fiscaux potentiels.
Payer l’intérêt sur les prêts au taux prescrit
Si vous avez déjà un prêt au taux prescrit aux fins du fractionnement du revenu, vous devez payer l’intérêt annuel au plus tard le 30 janvier.
Pour que ces arrangements demeurent efficaces sur le plan fiscal, l’intérêt doit être payé chaque année dans les 30 jours suivant la fin de l’année. Un paiement à temps vous permet de conserver les avantages du fractionnement du revenu.
Déclarer les salaires et les dividendes
Si vous êtes propriétaire d’une entreprise constituée en société, la fin d’année est le moment stratégique pour déclarer une rémunération pour vous-même et les membres de votre famille.
Les salaires permettent le fractionnement du revenu avec les membres de la famille qui travaillent dans l’entreprise, à condition que la rémunération soit raisonnable en regard des services rendus. Cette approche vous permet de profiter de tranches d’imposition personnelles plus faibles et, selon le moment choisi, de reporter l’impôt personnel à l’année suivante.
Les dividendes offrent d’autres avantages. Votre société peut disposer de soldes lui permettant de verser des dividendes libres d’impôt ou assujettis à un taux d’imposition moindre. Dans certains cas, ces dividendes peuvent être versés à des membres de la famille (sous réserve des règles sur l’impôt sur le revenu fractionné), ce qui réduit l’impôt personnel tout en générant potentiellement un remboursement d’impôt pour la société.
Remarque : Le budget fédéral 2025 propose des modifications aux remboursements d’impôt des sociétés pour les structures à plusieurs niveaux. Consultez votre conseiller fiscal si cela vous concerne.
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Partie 2 : Optimisation de la croissance à l’abri de l’impôt ou imposition reportée
Cotiser à votre compte d’épargne libre d’impôt (CELI)
Plafond de 2025 : 7 000 $, plus les droits inutilisés reportés
Bien qu’il n’y ait pas de date limite pour cotiser à un CELI, le faire plus tôt permet à vos placements de s’accroître plus longtemps. Les cotisations précoces profitent de la capitalisation, où les rendements s’accumulent au fil du temps, ce qui peut augmenter vos économies à long terme.
Planifier stratégiquement vos retraits d’un CELI
Si vous prévoyez d'effectuer un retrait au début de 2026, le faire avant le 31 décembre peut accélérer votre capacité à cotiser de nouveau à votre CELI.
Pourquoi le moment est important : Lorsque vous retirez des fonds de votre CELI, vous récupérez ce droit de cotisation le 1er janvier de l’année suivante. Un retrait en décembre 2025 rétablit votre droit de cotisation le 1er janvier 2026, tandis qu’un retrait en janvier 2026 reporte la possibilité de cotiser de nouveau au 1er janvier 2027, soit un an plus tard.
Important : Évitez les cotisations excédentaires à votre CELI, car des pénalités sont applicables.
Ouvrir et cotiser à un CELIAPP
Plafond annuel : 8 000 $, plus jusqu’à un an de droits inutilisés
Le compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) est, comme son nom l’indique, conçu pour aider les Canadiens à épargner de manière fiscalement avantageuse en vue de l’achat de leur première maison. Vous pouvez cotiser à un CELIAPP pendant jusqu’à 15 ans à compter de la date d’ouverture du compte. Les cotisations sont déductibles d’impôt, comme pour un REER, et le revenu de placement et les retraits admissibles pour l’achat d’une première propriété sont exonérés d’impôt.
Dès l’ouverture d’un CELIAPP, vous obtenez des droits de cotisation de 8 000 $ par année et pouvez reporter jusqu’à un an de droits inutilisés. Il est donc préférable de cotiser chaque année, car il n’est pas possible de rattraper les années manquées. En ouvrant votre CELIAPP et en y cotisant avant le 31 décembre, vous commencez à faire croître votre épargne à l’abri de l’impôt plus tôt, ce qui vous rapproche de l’achat de votre première maison.
Cotiser tôt à votre REER
Date limite 2025 : 2 mars 2026
Vous avez jusqu’au 2 mars pour cotiser au REER pour l’année d’imposition en cours, mais le fait de cotiser avant le 31 décembre donne plus de temps à vos placements pour s’accroître grâce à la capitalisation.
71 ans : Une occasion REER souvent négligée
Si vous atteignez 71 ans cette année et gagnez encore un revenu, ne manquez pas cette occasion : vous pouvez cotiser à votre REER l’année de vos 71 ans. Cela peut être particulièrement avantageux, car vous pourrez déduire la cotisation de votre revenu l’année suivante.
Gardez à l’esprit qu’une pénalité de 1 % par mois s’applique aux cotisations excédant votre plafond. Toutefois, si la stratégie est bien gérée, la déduction fiscale l’année suivante peut compenser cette pénalité, maximisant ainsi votre épargne-retraite.
Cotiser à un REER pour le futur achat d’une maison
Envisagez de cotiser à votre REER si vous prévoyez utiliser le Régime d’accession à la propriété (RAP) dans l’avenir. Le RAP permet aux acheteurs d’une première maison de retirer jusqu’à 60 000 $ de leur REER sans impôt pour acheter ou construire une habitation admissible. Le montant retiré doit être remboursé au REER sur 15 ans, à compter de deux à cinq ans après le retrait (selon la date du retrait).
En cotisant à votre REER avant le 31 décembre, vous profitez de la croissance à l’abri de l’impôt de votre placement et de la déduction fiscale applicable à la cotisation au REER.
Cotiser à votre REEE familial
Cotiser à un régime enregistré d’épargne-études (REEE) avant la fin de l’année permet de maximiser à la fois la période de croissance à l’abri de l’impôt et l’admissibilité aux subventions gouvernementales. La Subvention canadienne pour l’épargne-études (SCEE) représente 20 % de vos cotisations annuelles, jusqu’à concurrence de 500 $ par année.
En cotisant tôt, vos économies bénéficient de la capitalisation à l’abri de l’impôt et vous maximisez le nombre d’années pendant lesquelles vous pouvez recevoir la SCEE, ce qui accroît davantage votre fonds d’études.
Retirer des fonds de votre REEE familial
Si, en 2025, un de vos enfants ou de vos petits-enfants a fréquenté un établissement postsecondaire ou a obtenu un diplôme d’un tel établissement , le fait d’effectuer des paiements d’aide aux études (PAE) avant la fin de l’année peut offrir des avantages fiscaux.
Bien que les PAE soient imposables entre les mains de l’étudiant, ils sont effectivement exonérés d’impôt si ce dernier dispose suffisamment de crédits d’impôt personnels pour y faire contrepoids. En effectuant le retrait avant la fin de l’année, le PAE peut être inclus dans la déclaration de revenus de l’étudiant pour 2025.
65 ans et plus : Gérer votre revenu et la récupération de la SV
Si vous avez 65 ans ou plus et recevez une pension de la Sécurité de la vieillesse (SV), envisagez de cotiser à un REER si vous avez des droits de cotisation disponibles, et ce, même si vous ne prévoyez pas utiliser la pleine déduction cette année. Les déductions inutilisées peuvent être reportées et utilisées stratégiquement pour gérer votre revenu et limiter la récupération de la SV.
Cette approche peut vous aider à optimiser votre revenu de retraite et à minimiser les réductions potentielles de vos prestations de la SV.
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Partie 3 : Utilisation stratégique des crédits et des déductions
Accélérer les dépenses médicales
Si vous prévoyez subir des traitements ou effectuer des achats médicaux, envisagez de le faire avant le 31 décembre. Pour être admissibles au crédit d’impôt non remboursable, vos dépenses médicales totales doivent dépasser le moindre de 3 % de votre revenu net ou 2 834 $.
En planifiant stratégiquement vos dépenses, vous pouvez optimiser votre réclamation et profiter du crédit d’impôt connexe.
Verser des dons de bienfaisance
Le versement de dons de bienfaisance avant le 31 décembre peut réduire votre impôt tout en soutenant les causes qui vous tiennent à cœur. Les dons versés à des organismes de bienfaisance enregistrés donnent droit à un crédit d’impôt non remboursable qui réduit votre facture fiscale.
Faire don de titres dont la valeur s’est appréciée pour obtenir des avantages fiscaux accrus
Bien que les dons en espèces procurent un crédit d’impôt, vous pouvez réduire davantage votre ponction fiscale en donnant directement à un organisme de bienfaisance des titres cotés en bourse (actions ou parts de fonds communs non enregistrés).
Vous recevez alors un reçu représentant la juste valeur marchande des titres donnés et évitez l’impôt sur les gains en capital réalisés. En donnant des titres plutôt que de l’argent, vous maximisez l’impact de vos placements qui se sont appréciés, tant sur le plan philanthropique que fiscal.
Exploitation des pertes en capital
L’exploitation des pertes en capital consiste à vendre des placements non enregistrés qui ont perdu de la valeur afin de contrebalancer des gains en capital réalisés durant l’année, ce qui a pour effet de réduire votre revenu imposable. Les pertes en capital sont d’abord appliquées aux gains de l’année en cours, et tout excédent peut être reporté rétroactivement sur trois ans ou reporté en avant indéfiniment.
Avant toute disposition, passez en revue vos objectifs d’investissement et consultez votre conseiller en placements pour vous assurer que cette stratégie cadre avec vos plans à long terme. Pour utiliser les pertes, vous, votre conjoint et certaines entités que vous contrôlez devez éviter de racheter les mêmes placements dans les 30 jours précédant ou suivant la vente.
Passez en revue l’IMR avec votre fiscaliste
Les changements apportés en 2024 à l’impôt minimum de remplacement (IMR) pourraient toucher plus de particuliers et de fiducies qu’auparavant. Si votre revenu personnel de 2025 dépasse la somme d’environ 178 000 $ et comprend des revenus imposés à des taux plus faibles (gains en capital, options d’achat d’actions, dividendes de source canadienne) ou si vous utilisez certaines déductions et certains crédits (pertes des années précédentes, crédits pour dons, etc.), il peut être pertinent de discuter de l’IMR avec votre fiscaliste. Cette personne pourra vous aider à déterminer si l’IMR s’applique, suggérer des stratégies pour en réduire l’impact et vous expliquer comment il peut être récupéré à titre de crédit d’impôt au cours d’années ultérieures.
Pour les fiduciaires, il est aussi important de noter que les fiducies pourraient désormais être assujetties à l’IMR indépendamment de leur revenu, contrairement aux particuliers, qui bénéficient de l’exemption de base de 178 000 $. Étant donné la complexité de ces changements, il est recommandé de consulter votre fiscaliste.
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Partie 4 : Planification pour votre société et votre entreprise
Verser des dons de bienfaisance corporatifs
Les dons de bienfaisance effectués par votre société privée canadienne, y compris les dons en nature de titres cotés en bourse, offrent trois avantages : une déduction fiscale pour la société, l’exonération des gains en capital sur les actifs qui se sont appréciés et la possibilité de verser des dividendes libres d’impôt aux actionnaires via le compte de dividendes en capital.
Rembourser les prêts aux actionnaires
Si vous avez un prêt envers votre société privée, envisagez de le rembourser dès que possible pour éviter l’inclusion potentielle d’un avantage imposable dans votre déclaration de revenus personnelle.
Acheter des biens amortissables avant la fin de l’année
Si vous prévoyez acheter des biens amortissables (équipement, technologie, installations), faites-le avant la fin de l’année pour profiter de la déduction pour amortissement (DPA).
Bien que certaines mesures accélérées de DPA adoptées ces dernières années soient encore offertes, elles sont en voie d’être éliminées . Votre conseiller fiscal pourra confirmer si des incitatifs s’appliquent à l’actif que vous souhaitez acquérir.
De plus, le budget fédéral de 2025 propose de nouvelles mesures temporaires d’amortissement accéléré, appelées « superdéduction à la productivité ». Si ces mesures sont adoptées, elles pourraient permettre l’amortissement immédiat complet de certains nouveaux immeubles utilisés principalement pour la fabrication ou la transformation, ainsi qu’un amortissement accéléré la première année pour la plupart des autres nouveaux biens. Si votre entreprise prévoit investir dans de l’équipement, des technologies ou de nouvelles installations, discutez de vos dépenses prévues avec votre conseiller fiscal pour comprendre les économies d’impôt potentielles.
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Passer à l’action pour votre stratégie fiscale de fin d’année
Les stratégies présentées dans cet aide-mémoire offrent des occasions précieuses d’optimiser votre situation fiscale pour 2025 et de renforcer vos assises financières pour 2026. Toutefois, l’approche la plus efficace est toujours adaptée à votre situation personnelle, soit à vos sources de revenu, à votre structure familiale, à vos intérêts commerciaux, à vos objectifs successoraux et à votre portefeuille de placements.
Notre équipe est là pour vous accompagner. Votre conseiller en placements peut vous aider à cibler les stratégies qui correspondent le mieux à vos objectifs et à votre situation. En agissant avant le 31 décembre, vous évitez de rater des occasions précieuses qui sont rétablies chaque année civile.
Tous les renseignements fiscaux proviennent de l’Agence du revenu du Canada, en date de novembre 2025.

